HOMMAGE A GILLES GREFFIER MON MARI

Maurice HERZOG, le conquérant de 13 sommets dont l'Everest en mai 1953 a dit : " L'aventure, c'est aussi se surpasser ."

Je rajouterai pour ma part : " L'amour même entâché du deuil, c'est aussi se surpasser."

Se surpasser pour honorer la mémoire de son aimé.

Un jour, dans un monastère un moine bouddhiste en le prenant par la main lui déclare : " Parce que vous avez beaucoup souffert, vous avez pu renaître."

Je ne connais que trop bien cette similitude de phrase qui m'a été à moi aussi dite il y a quelques mois.

(Voir mon article sur l'hommage à Gilles et sur mon retour du Népal.)

A Katmandou, en novembre 2010,dans un temple à l'abri des touristes et des regards, devant plus de 30 népalais, mon coeur, mon âme, mes larmes ont trouvé leur écrin dans notre pays de coeur.

Le lama a lu à livre ouvert dans mon âme dans un simple souffle de spiritualité et de sages paroles qui m'ont réconfortées ...

Un baume instantané sur mon être écorché vif depuis le décès de mon doux mari.

" Tu es morte en France, le Népal va te faire renaître ..." m'a dit le lama en me tenant longuement les mains et en regardant en moi avec son regard protecteur.

Au centre de ma vie, avant ce voyage initiatique, il y avait le vide, le noir depuis la brusque disparition de mon Gillou.

J'avais l'impression d'être "partie" avec lui.

Au centre de la vie de Gilles, se trouvait le Népal;

Au centre de ma vie, se trouvait Gilles,

Au centre de notre vie se trouve notre port d'attache.

Loin de Poon Hill mais si proche en mon coeur qu'il me suffit de fermer les yeux pour être transportée là haut, vers toi.

Poon Hill, l'un des plus beau sommet de la planète. Le sommet préféré de Gilles.

Alors je ferme les yeux à cet instemps figé dans le tant de manque que j'ai de mon mari pour ressentir la brise du vent sur ma joue, regarder cette vue magnifique, magique, merveilleuse.

J'ouvre les yeux et je gravis les marches, je me dépêche, je cours la montagne, je cours le vent, je cours la planète en pensée pour retrouver mon doux chevalier du vent, la haut dans sa montagne, dans notre montagne.

Mes pas se font légers tels des plumes et je trouve mon souffle facilement.

Je passe sous les petits barbelés, je contourne à droite, je marche au milieu des herbes dans ce qu'on pourrai appeler un endroit caché aux yeux des touristes et de ceux qui ne connaissent pas, j'arrive enfin à l'endroit respecté des sherpas et de tous les Chevaliers du Vent.

Mon drapeau de 11.50 mètres avec tous vos messages d'amour, d'amitié claque le vent.

Il est beau de ces couleurs symboliques et de nos mots envoyés à son paradis et gravés à jamais en mon coeur.

Alors mon esprit est serein car le vent sur notre montagne continuera d'embrasser la joue des pélerins venus des quatres coins du monde pour ouvrir leur coeur à ce pays magique et pur.

Leurs pas fouleront les notres et ils reviendront transformés de l'immensité du ciel et des immensités du coeur.

Prêt à regarder la vie différemment.

Les ailes protectrices du Chevalier du Vent continue de réchauffer mon coeur et la 2e année de sa disparition se profile à l'horizon de mon regard emplit de nous.

Et même si la terre s'est écroulée depuis ces 22 derniers mois,

l'amour inonde mes matins quand je pense à lui.

Je suis allée l'honorer au Népal et j'ai tenue mes promesses.

Cette dimension spirituelle que j'ai vécu là-haut à plusieurs reprises devant témoins a été des cadeaux merveilleux envoyés depuis son paradis ...

Des cadeaux qu'il a fallu voir à chaque pas, à chaque inspir, chaque regard, vivre et ressentir.

Des cadeaux pour me montrer le chemin et me donner la force d'aller plus haut pour aller à sa rencontre.

Je n'oublierai jamais cette phrase ... venue de très loin ...

"appelle moi je serai là, ... viens, ... viens à la moitié du chemin et je serai là. Viens et je ferai la moitié du chemin."

Je cours la planète depuis ces 22 derniers mois,

Je cours le monde avec mon appareil photo,

Je cours le regard des enfants du monde pour capter cet instemps qui fait d'une photographie, LA photographie, remplie d'amour inconditionnel, d'espoir, de rire.

Je cours la vie, le monde, la planète, mais rien ne te remplace, tu es là avec moi mon amour.

Oui, 22 mois où j'ai fait un break pour me reconstruire et continuer ma vie sans la refaire car on ne refait pas sa vie on la continue avec l'être aimé dans son coeur et ses veines.

Gilles est présent à chaque instant, bienveillant et mon coeur se remplit de gratitude quand je pense à lui, comme il se remplit de tristesse à certains autres moments.

Je suis comme toutes les personnes endeuillées, pas à l'abri de ces hauts et de ces bas qui vous submergent quand on s'y attend le moins.

Il n'y a pas de rendez vous avec la douleur, pas de jour, de nuit, d'heure, elle vous happe et vous montre sa morbide fraicheur car elle ne fâne pas avec le temps.

Il n'y a que le travail sur soi pour lui donner une autre dimension.

Pour moi cela a été les voyages et cette paix intérieure retrouvée dans la montagne où je me suis sentie avec Gilles, si proche de lui là haut.

Prise de vague à l'homme qui manque le plus à ma vie, à mon coeur, je m'efforce d'être à mon écoute et à l'écoute de la Vie, de ma vie présente en respectant mon passé révolu.

Magnifique phrase de Maurice HERZOG à ce propos :

" Le moment privilégié d'une existence, c'est le moment présent car c'est lui qui porte l'avenir ".

J'ai donné forme à mon amour par ce blog et tous au long de mes écrits j'y ai mis en avant l'amour, pas la souffrance,

J'ai donné forme à mes idées pour rendre hommage à mon mari et c'est un livre qui s'est construit au fil du temps.

Au travers de mes écrits ressort tout l'amour que je lui porte et lui porterai tout au long de mon existence.

Un livre qui grave le respect de l'homme qu'il fut et restera à mes yeux.

L'Amour véritable existe. Ce n'est pas un rêve, je l'ai vécu... puisse t-il vous inspirer.

Avec tout mon respect,

Valérie.